Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Rêves de Véro...
Les Rêves de Véro...
8 février 2016

Une image, une histoire # 4

Le lundi, c'est désormais le rendez-vous d'une image, une histoire.

une image, un texte

 Image :

The Irritating Gentleman, Berthold Woltze

Berthold Woltze

Texte :

Quelle douleur ! La pauvre enfant était inconsolable. Régulièrement, elle essuyait les larmes  naissantes au bord des yeux. Les quelques rares passagers du wagon, absorbés dans leurs pensées, ne lui prêtaient aucune attention.

Le train, inconfortable la balançait à droite et à gauche ; mais elle gardait une posture digne, maîtrisant autant  son corps que ses émotions. Ce n’était pas le cas de tout le monde dans ce wagon. Elle sentait les mouvements de l’homme assis sur la banquette juste dans son dos. Il avait même jeté son manteau sur le dossier s’inquiétant peu du désagrément occasionné pour ses compagnons de voyage.

Elle l’avait repéré dès son entrée dans le wagon tant celle-ci avait été théâtrale ; ce petit homme au nœud rouge, l’allure joviale, était habillé très élégamment mais il ne faisait pas dans la sobriété. Tout chez lui semblait calculé pour attirer l’attention sur sa suffisante personne.

Alors que le train traversait la forêt, il se leva et se penchant par-dessus la banquette, il entreprit une conversation avec la jeune fille.

« Où allez-vous, belle enfant ? Vous semblez si éprouvée…

- Laissez-moi, je vous prie.

- Je ne veux pas vous importuner. Je m’étonnais de voir une si jeune fille, en deuil, seule dans ce train. Votre chagrin me peine.

- Je viens de perdre mon grand-père et je rejoins ma grand-mère, malade de chagrin de cette perte… Vous comprendrez que je n’ai pas envie de converser, monsieur.

- Je me présente : Jean-Loup Dubois, dit l’homme, soulevant son chapeau. Représentant en articles de mode pour les plus belles femmes du pays depuis plus de douze ans. Justement, en vous voyant, j’ai eu envie de consoler une si jolie enfant en peine. J’ai peut-être de quoi vous rendre le sourire avec mes articles. Je pourrais vous visiter chez votre grand-mère pour vous montrer des voiles de crêpes pour le deuil mais aussi des rubans, que je vous offrirai, bien évidemment.

- Des rubans ?... Et des barrettes ? Avez-vous des barrettes ?

- Oui, j’en ai. Je vous montrerai tout cela chez votre grand-mère. Demeure-t-elle bien loin ?

- Elle reste derrière le moulin, la première maison du village. » 

Les deux discutaient maintenant, la petite rêvant des articles de mode que décrivait l’homme élégant.

L’inspecteur en avait assez entendu : oui, il s’agissait bien de ce séducteur agressant les jeunes filles de la région depuis trois semaines. Toujours le même mode opératoire : aborder des femmes seules dans le train et les suivre jusque chez elle pour les agresser à l’abri des regards.

Il eut un sourire de satisfaction ; il allait pouvoir l'interpeller à la descente du train. Quant à sa petite voisine, quelle bonne comédienne ! Il en parlerait avec sa mère ; un avenir dans les services d’espionnage de la police était envisageable pour cette enfant au sang-froid étonnant. Quelle force de caractère !

©Véro des Rêves de Véro

Les autres histoires sont à lire chez Lakévio dans son bateau. 

 

Publicité
Commentaires
V
Excellente chute ! Je n'ai rien vu venir, portée par le récit. Bravo !<br /> <br /> Plein de Bizzz
Répondre
P
reine du polar, en ce lundi!
Répondre
M
Très belle fin digne d'un bon policier !<br /> <br /> Bravo pour cette belle histoire... <br /> <br /> Bises
Répondre
P
Très originale ta version et bien imaginée ! digne d'un bon Maigret ;)
Répondre
B
Il a vraiment tous les vices , ce malotru !
Répondre
Les Rêves de Véro...
Publicité
Newsletter
Publicité