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Les Rêves de Véro...
Les Rêves de Véro...
15 février 2016

Une image, une histoire # 5

Le rendez-vous de Lkévio : elle nous propose une image le samedi matin,
je rends un texte le lundi.  

une image, un texte

Tout d'abord, je tiens à remercier Perrault et les frères Grimm qui m'ont inspirée pour le texte de la semaine dernière : le premier à qui j'ai emprunté la trame et quelques bribes de texte. Les seconds, pour l'issue heureuse ! 

Image :

 Edward Hopper Four Lane Road

Edward  Hopper

 Texte :

«  Tu comptes l’attendre toute la journée ainsi ? » Elle passait régulièrement la tête par la fenêtre pour lui parler. Mais lui n’y prêtait aucune attention.

«  Tu ne veux pas boire quelque chose ? » Devant le silence obstiné de son mari, elle retourna une fois de plus dans son royaume, la cuisine, pour y préparer le repas.

Il était assis là depuis le petit matin, la face au soleil, cigarette en main, scrutant l’horizon.  Oui, il l’attendait de pied ferme, perdu dans ses pensées. Rien n’est plus difficile que d’être déçu par la personne que vous aimez le plus au monde. Il avait construit pour elle un monde parfait : un empire prometteur pour lequel il avait eu encore beaucoup de projets, tous plus intéressants les uns que les autres. Et tout avait été balayé, rejeté, anéanti en un rien de temps. Il ne lui restait plus qu’à rester là, à attendre une hypothétique automobile égarée dans le temps et dans l’espace. Oui, la prospérité de la station- service appartenait au passé. Au temps d’avant…

Ils avaient assez travaillé, sa femme et lui, et ils pouvaient profiter simplement de leur retraite, c’est vrai. Oui, vivre tout simplement comme ce dimanche où ils attendaient leur fille, de retour de voyage dans un pays lointain, il ne savait plus lequel. Mais il avait la nostalgie de son affaire florissante, des bruits, des odeurs, des automobiles de passage, des petits défis du quotidien à se plonger dans les belles mécaniques. Ah, les belles américaines ! C’était si loin…

Il vivait avec ce sentiment d’une déception cruelle ancrée en lui. Pourquoi n’avait-elle pas voulu reprendre la station- service ? Pire encore, puisqu’elle avait contribué à la perte des affaires de ses parents et de tant d’autres dans la région... Quelle était sa part de responsabilité à lui dans tout ça ? Il se posait vraiment beaucoup de questions.
Il se rappelait d’elle petite, mettant les mains dans le moteur avec lui et étalant le cambouis sur son front, en s’essuyant avec le revers de la main. Elle adorait bricoler dans l’atelier avec lui. Il lui avait tout appris de la mécanique.
Et plus encore : il lui avait transmis son amour de la nature. Pour échapper aux effluves d’essence, il l’emmenait dans de grandes balades à travers la nature, lui montrant la beauté de tout ce qui nous entoure et échappe encore un peu à la modernité destructrice.

Etait-ce lui qui avait impulsé tant de changement tout en croyant préserver la mécanique si parfaitement huilée  d’un passé heureux ? Sentiment mélangé de déception et de fierté, parce que tout de même...

Voilà qu’il apercevait un point noir à l’horizon. Oui, c’était elle qui s’approchait à grande vitesse dans son automobile à air comprimé, véhicule innovant qu’elle avait conçu et dont elle avait déposé le brevet. C’était prometteur après toutes les séries d’automobiles hybrides et autre électriques qui avaient envahi les routes ces dernières années, présentant encore trop de limites pour l’écologie.Elle venait de  présenter  avec  succès son nouveau prototype à de riches entrepreneurs à l’autre bout du monde.

Oui, il pouvait être fier d’elle.


©Véro des Rêves de Véro

 Merci de votre passage et de votre lecture. Les autres textes sont à lire en suivant les liens dans la colonne Flânerie  du blog "en bateau, Lakevio !"

 

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Commentaires
M
oh ! mis un "e" à "dessiné", mes excuses.!
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M
Joli texte, la fin est heureuse mais pauvre père qui s'est dessinée un rêve en voyant sa fille grandir...trop bien sans doute car elle a su se faire toute seule. Même si elle est restée dans les autos (!!), elle a évolué avec son temps....
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V
Toujours aussi poétique... et j'aime beaucoup Edward Hopper aussi, alors, c'est l'harmonie parfaite !<br /> <br /> Plein de bizzzz,
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A
Jolie version !
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F
Je fais la tournée des popotes. Je viens de quitter la station de Praline pour tomber sur ce vieux père. Intéressant ! Bravo ! Belle écriture.
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Les Rêves de Véro...
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