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Les Rêves de Véro...
Les Rêves de Véro...
18 avril 2016

Une image, une histoire # 14

Le lundi, c'est l'écriture ! Le rendez-vous proposé par Lakévio.

une image, un texte

 Une image :

Palmer Pauline - family-gathering-1919-pauline-palmer

Rassemblement de famille , de Pauline Palmer

Un texte :

«  Viens-tu te balader ? Je te laisserais mon chapeau ; j’ai moi-même une ombrelle pour me protéger. » 

Oui, viens mon enfant que tata fasse ton éducation de jeune fille émancipée. Regarde-les tous assis là : la maman et ses fils, complices, chefs de famille ; ta mère et ta tante, toutes deux soumises à la loi du clan.

Moi, la seule fille, décadente, non mariée, j’ai encore la chance de pouvoir assister aux réunions de famille. Après la mort de papa, j’ai cru que ce ne serait plus possible… Mais si ; on a bien voulu de l’écervelée, celle dont on ne ferait jamais rien : pas de beau mariage, pas d’études assez notables…

 « Tes cousines se plaignent trop de la chaleur pour nous suivre, il me semble. Elles vont se laisser aller à dormir sur la banquette. Mais toi, tu me sembles bien énervée. Pas du tout prête à te laisser bercer, n’est-ce pas ? » 

Regarde ces mères au foyer… Non pas qu'il soit « nul » à mes yeux d’être mère au foyer. Moi aussi, un jour, je rêve d’être maman d’un bébé de l’amour. Cela viendra certainement. Ce que je pense c’est que si cela avait été un choix délibéré entre plusieurs possibles pour elles… Mais non, aucune autre perspective que celle d’être des mamans toutes dévouées à leurs filles ; et encore, faut-il qu’elles le fassent bien… Pas de chance qu’elles n’aient mis au monde que des filles…

Regarde tes cousines : elles seront les dernières petites princesses, prisonnières consentantes de leur cage dorée. Elles en verseront des larmes, plus que toi et moi, tu peux en être certaine.

« Nous irons vers la rivière pour désaltérer le chien. Je prends une bouteille d’eau… et une serviette si l’envie te prend de te jeter à l’eau toi aussi. »

J’aime trop ma liberté… Ce qu’ils jugent de décadent dans ma conduite est si anodin. C’est leur regard avec des ornières qui confère un tel caractère de sulfureux à ma conduite de vie : je sors du droit chemin, sacrilège !

«  Et puis, tu pourras courir en tous sens avec le chien ! Vous serez deux petits fous sur le chemin. On peut emporter le ballon, bien sûr. »

J’aime maman : comment pourrait-elle vivre autrement ? Toute une éducation (un formatage devrais-je dire !) et soixante-dix années de vie avec ces règles bien établies.

Elle joue l’offusquée mais pourtant, je sens que parfois, elle m’envie. Elle aussi a compris la marche en route pour l’émancipation des femmes… Elle a dû souffrir des convenances, vivre dans l’ombre de son mari, en silence… Un jour, je le souhaite, je lui ferai le bonheur de lui donner un petit… enfant !

Ecoute-moi : je suis la voie de la modernité et je sens en toi les aptitudes à ne pas te laisser confiner dans un rôle pour lequel tu n’es pas faite.

« Et puis ce chien nous sera de bonne compagnie en cas de mauvaise rencontre, ce qui fort improbable. Mais comme nous serons deux sexes faibles sur les chemins de campagne, rassurons tout le monde ! »

Viens avec moi : je vais t’apprendre la liberté. Etre libre : tes parents et ton mari seront là seulement pour te chérir ou te consoler, jamais pour te dominer de quelconque façon que ce soit.

« On va juste changer de tenue : les dentelles n’aimeront pas les courses à travers bois ! On va ranger ta belle robe et mettre une tenue plus adéquate. »

Regarde cette obstination à porter de longues robes de lourd tissu qui entrave le mouvement. Ne suis-pas plus cartésienne avec ma robe courte de voile par ce temps de grosse chaleur ?

Je le sens : toi, tu porteras le pantalon !

©Véro des Rêves de Véro

 

Les autres versions sont à découvrir chez Lakévio.

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Commentaires
J
Quand on pense qu'une femme non mariée à 25 ans, il y a encore peu, était considérée comme une vieille fille. Quand même, je trouve qu'on a fait bien du chemin nous les femmes. Mais, hélas, certains voudraient à nouveau enfermer les femmes dans leur cuisine. Le point positif, ça ferait du chômage en moins.
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M
Une belle analyse de la condition féminine...<br /> <br /> Bravo et bises
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A
Bien! Grâce à des femmes comme elle nous avons des droits!
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A
ça fait du bien un peu de féminisme !
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P
Ouf enfin une rebelle qui va sortir la petite de cette prison dorée, et personne ne semble s'en préoccuper, re-ouf ! j'aime !
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