Une image, une histoire # 42 2017

Le rendez-vous de Lakévio !

 

 une image :

Sally Storch - A la fenêtre

 Jeu des Papous N°1

 1) Commencez impérativement votre texte par la phrase suivante : "Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail." (emprunt à Simone, jeune fille rangée.)

...Mais je ne vous donnerais ici que la première consigne. La seconde viendra en fin de texte pour un peu de suspens.

 Une histoire :

"Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail." 

Une demie heure plus tôt, ils partageaient le même lit dans un sommeil différent. Elle dormait profondément tandis que lui se retournait sans cesse, en proie à des rêves irrationnels. Il s’agitait, semblant se débattre avec des monstres. Il se réveilla en sursaut, trempé de sueur. Etait-ce parce qu’il était fiévreux ? Il ne lui semblait que non. Il mit quelques instants à reprendre ses esprits : non, il n’était pas dans un autre lit que le sien. Il se tourna vers elle. Dans la lueur de la lune, il crut voir qu’elle était réveillée.

« Tu ne dors pas ?
-  Non, tu m’as réveillée. Ça ne va pas ? Tu te sens mal ?
-  Je ne sais pas, j’ai fait des cauchemars et j’ai chaud. »

Il alluma la lampe à pétrole. Sa femme le regarda ; il semblait fiévreux, rouge et transpirant avec excès. Elle se leva pour aller lui chercher un verre d’eau voulant le soulager.

Elle en profita pour prendre son livre de médecine, une vulgarisation de pacotille proposant des remèdes de bonne femme destiné aux bonnes épouses et mères de famille, acheté dans le bazar du coin.

Elle revint avec le livre et un verre d’eau. Puis elle renonça : à quoi bon trouver dans ce bouquin, un remède à un mal non identifié ? Elle posa le livre sur le lit et s’approcha de la fenêtre. 

Il but le verre d’eau. Elle regardait dehors.

« Il y a un fin voile de neige. Tu as dû prendre froid hier. »

Hier… Hier, la neige n’était pas encore là, une chance ! Si cela avait été le cas, il aurait laissé des traces sur le sol et cette idée l’effraya. Il but une nouvelle gorgée d’eau. Si elle savait ce qu’il avait fait la veille. Non, elle était loin de se douter. Les rêves torturés devaient y être liés, évidemment.

Il repensait à la scène d’hier. La pénombre tombe vite en cette période de l'année ; ce fut un atout. Il pensa qu’il avait été bien lâche de ne rien dire à personne. Et maintenant, il lui semblait encore plus improbable de se livrer à quiconque, même à sa femme.

Il se voyait, courant presque dans les rues pour mettre à distance la vision de cette pauvre femme gisant au sol dans une mare de sang. Cela n’avait duré que quelques secondes. Il y avait peu de chance que l’agresseur l’eut vu dans la pénombre. Et encore moins qu’il put le reconnaître. C’est ce qui le tracassait maintenant… C’est là que je suis née dans son esprit, à quatre heures exactement, moi, la bonne idée qui lui apporterait un peu de repos. Il prit la décision qui allait le transformer physiquement, au cas où... Il suffira de rester à la maison quelques jours, feignant un état fiévreux puis il pourra ressortir dans la rue sans crainte. Oui, c’est ce qu’il fallait qu’il fasse, il en avait la certitude : "Je vais laisser pousser ma moustache, décida-t-il." 

.................

2) Terminez impérativement votre texte par la phrase suivante : "Je vais laisser pousser ma moustache, décida-t-il" (emprunt à Jean-Paul, celui qui écrit sur le mur.)

 D'autres versions sont à découvrir chez Lakévio : clic

Comments

[colettemoi]

J'aime ! voilà une moustache qui va pousser au bon moment !! enfin, ça dépend pour qui !!

[ViviCocci]

J’ai adoré ! Une idée qui naît à quatre heures du matin... c’est génial !

Plein de Bizzz

[Moulin des pres]

Encore un homme qui a le beau role ;)

Encore une fois, je t'ai suivie jusqu'au bon sans me douter de rien.

[jeanjacques1957]

J'aime bien ce polar à la lueur d'une lampe à pétrole. De la consigne no1 nait la consigne no2, un coup de maître.

Je vous souhaite une bonne semaine.

Jean-Jacques'60

Berne, le 7 novembre 2017

[Maryse60]

J'aime beaucoup ! Tu as bien fait de ne pas dévoiler tout de suite la seconde consigne... Bravo pour ton imagination ! Bises