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Les Rêves de Véro...
Les Rêves de Véro...
21 novembre 2018

Une image, une histoire # 41 2018

Le rendez-vous de Lakévio !

 logo une histoire, une image

Une image :

Carrie Graber - night-drive

 Carrie Graber

 Incipit... Excipit

D'un texte à l'autre.

 1) Commencez impérativement votre devoir par la phrase suivante : "Voici l'heure où commence l'histoire de Germaine Malorthy, du bourg de Terninques, en Artois."(emprunt à Georges, sous le soleil de Satan).

 2) Terminez impérativement par la phrase suivante : "La nuit noire et le bruit assourdissant des criquets s'étendent de nouveau, maintenant, sur le jardin et la terrasse, tout autour de la maison." (emprunt à Alain et sa jalousie).

Entre les deux, casez ce que vous voulez.

 un texte :

"Voici l'heure où commence l'histoire de Germaine Malorthy, du bourg de Terninques, en Artois."

Lundi dernier, elle avait répondu favorablement à l’invitation de son amie d’enfance ; un petit week-end entre filles pour évoquer le passé lui paraissait alors sympathique. Mais maintenant, elle regrettait amèrement. Le vendredi soir, la semaine de travail laisse de la fatigue et l’idée de la partie d’évasion ne semblait plus aussi séduisante que cela. Il y a de la route pour arriver chez Héloïse et elle n’avait fait le chemin que trois fois et de jour. Au moment de ressortir de chez elle, Germaine ressentit un grand découragement. Elle s’était fait violence pour ne pas décommander. Et à quelques kilomètres de Berguin, elle regretta totalement de s’être aventurée sur la route.

L’autoroute offre une sensation de sécurité ce qui n’est pas le cas des chaussées de campagne. Un épais mur de brouillard s’était dressé devant elle à la sortie d’un bois et elle n’y voyait plus rien. Elle ralentit considérablement l’allure de la voiture et mit les feux anti-brouillard. Elle eut un gros frisson et monta le chauffage. Le voyage allait être pénible. Elle roulait, les yeux rivés sur le bas côté pour s’assurer de suivre la route. Elle se sentait complétement perdue. Des souvenirs d’enfance lui revinrent à l’esprit. Cette fois où ils étaient partis en famille sur la côte d’Azur, se levant en pleine nuit pour prendre la route. Chez une petite fille, c’est assez impressionnant de voir des paysages défiler dans la nuit noire, quand on est allongée sur la banquette arrière. Elle sortit de ses pensées quand elle arriva à un carrefour. Celui-ci ne lui disait rien ; était-elle sur la bonne route au moins ? Elle hésita et s’engagea sur la voie d’en face. Elle n’avait croisé aucune voiture. Il ne faudrait pas tomber en panne. Elle doutait qu’il y eut du réseau pour son téléphone dans le coin. Pourvu que je sorte de ce brouillard. Elle cherchait dans ses souvenirs un peu de réconfort pour ne pas penser à des scénarios catastrophes. Contre toute attente, c’est un visage qui lui apparut. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas pensé à lui. Elle revoyait le jour où il lui avait proposé de tout lâcher, là, immédiatement, pour aller à la mer. Germaine se rappelait du timbre de sa voix, de la délicatesse de sa main quand il avait attaché sa ceinture et un milliers de petits détails insignifiants mais qui l’avait marquée à jamais. Pourquoi ce souvenir, maintenant ? On dit qu’on refait le film de sa vie quand on est sur le point de mourir. Mais qu’est ce qu’elle se racontait, là ! La peur lui faisait perdre raison.

Soudain, elle aperçut une forme humaine dans le brouillard. Elle se penchait sur la route et bougeait légèrement. Son cœur fit un bond. Qu’est ce que cette personne faisait là ? Mais je suis folle, c’est un feuillage. Elle mit la radio plus fort et se concentra sur l’air de jazz qui la réconforta. Elle ne devait plus être loin. Courage ! Elle roula encore quelques dizaines de kilomètres quand la brume s’estompa un peu. Elle en fut soulagée. Le jazz lui parut plus éblouissant. La route, qu’elle devinait avec moins de peine, lui semblait à nouveau familière. Quand elle arriva à la maison, Héloïse l’attendait dans la cuisine.

« Mais quelle tête tu fais. On dirait que tu as vu des fantômes !

-Presque. J’ai eu si peur… »

Enfin, tout cela est derrière. Germaine s’efforce de mettre à distance ce voyage périlleux qui l’a secouée plus que de raison. C’est vendredi soir , il est tard ; mais le week-end commence et finalement, il est bienvenu. Héloïse prépare du thé :

« Tu vas m’expliquer TOUT. On va sur la terrasse. Je veux fumer une cigarette. » Germaine s’enroule dans un plaid. La lune réapparait dans le ciel ; le brouillard a disparu comme il était arrivé. La vie reprend son cours normal. Oui, tout va bien. "La nuit noire et le bruit assourdissant des criquets s'étendent de nouveau, maintenant, sur le jardin et la terrasse, tout autour de la maison."

 

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Commentaires
V
J’aurais eu autant la frousse qu’elle !!!<br /> <br /> Encore un magnifique récit... merci !<br /> <br /> Bizzz
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L
Extra ! On suit bien le voyage dans la nuit, l'angoisse, la panique, les souvenirs plaisants ou non et l'arrivée, le réconfort de l'amitié, la sérénité retrouvée. Un très beau voyage. Merci, Véro.
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A
On a toujours peur quand on est seul au milieu de nulle part ... et puis à l'arrivée, on se demande pourquoi on s'est inquiétés !!!<br /> <br /> Bises
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B
C'est vrai que nos héroïnes ont fait un parcours un peu parallèle !
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C
Quel suspens ! Heureusement à son arrive chez son amie, elle a trouvé un plaid, sans aucun doute fait au crochet par tes soins ! <br /> <br /> Bises
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