Une image, une histoire # 15 2017
Le rendez-vous de Lakévio.
Une image :
Ian Ledward
Un texte :
" Mais ce n’est pas possible ! Ils ne respectent vraiment rien ces paysans !
- Calme-toi ; ils travaillent.
- Oui, chaque week-end, ils bossent. Je suis bien placé pour le savoir. Je me pose la question de ce qu’ils font la semaine. Quelle erreur cette maison de campagne ! Quelle plaie ! soi-disant on se reposerait. Ça commence par deux heures trente de route (dont une d’embouteillage), tout cela pour quoi ? Pour être réveillé dès sept heure le samedi et parfois même le dimanche.
- Oh, tu exagères ; ce n’est pas tous les week-end ainsi…
- Bien. Tu ne me crois pas, tu as donc la mémoire bien courte : ne bouge pas. Je prends un stylo et un papier : on va faire le compte...
Janvier février, oui, pas de travaux dans les champs. Mais ne te souviens-tu pas des coups de fusil des chasseurs, tu sais, ces coups qui te faisaient mal au cœur ? Et bien ce sont eux, c’est sûr !
Je continue ; mars, ils viennent semer. Comme par hasard, le temps sec, c’est juste le week-end…
- Ce n’est tout de même pas de leur faute !
- Et puis après, c’est traitement à gogo (on ne peut même pas manger sur la terrasse la plupart du temps puisque là encore, ils viennent quand il fait beau et donc quand nous sortons la table !) Ou c’est la récolte avec les nuages de poussières qui accompagnent tout ce manège. Après, les ballots de paille ou l'ensilage (nous y sommes). Et ce ne sera pas fini : il y aura le déchaumage (je rêve qu’ils soient au chômage à ce moment-là)…
- Non, mais ça ne va pas bien chez toi ?
- …Et puis, ils viendront déverser du fumier pour enrichir la terre et nous serons envahis de nuées d’insectes attirés par les odeurs pestilentielles. Il n’y a que le mois de décembre où on ne les voit pas. Génial, le seul mois où on reste en ville ou partons dans ta famille pour les fêtes. Je te préviens ; dès lundi, je vais dans une agence et je mets en vente.
- Non ! "
De toute façon, il n'a jamais voulu de cette maison. Et bien je sais ce qu'il me reste à faire. Dès lundi, je lui prends un rendez-vous chez le docteur pour une prescription de calmants.
©Véro des Rêves de Véro (qui aime les petits agriculteurs)
Edit du 02/05 : lisez la suite dans le commentaire de Chrilmlalaine
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